Je réponds un peu après la guerre, mais j'ai pas beaucoup le temps de glander sur le net en ce moment (et ça me manque xD)
François a écrit:Quand à parler de "premiers projets" Laurent, il faut m'en dire un peu plus, des premiers projets c'est quoi au bout de 10 ans sur le web à participer à des premiers projets justement ?
Je parlais des projets menés sérieusement, mais sans forcément avoir une rémunération à la clef.
Ces "premiers projets", c'est des dialogues où tu n'as pas beaucoup de poids dans une discussion et une négociation de contrat car tu ne t'es pas fais un nom encore.
Après, libre à toi d'envoyer chier, moi perso je le fais souvent. Mais il faut être réaliste avec le monde du travail : il faut savoir prendre sur soi (oui c'est moi qui dis ça) pour justement grandir et prendre plus de poids, et donc, peser plus lourd sur la balance.
Sur ces premiers projets, comme tu l'as dis, il y a énormément de mecs sur le net qui croient savoir composer de la musique, et qui rêvent de participer à des projets de jeux étudiants à l'organisation parfois chaotique, et ou des projets parfois très bien organisé mais à petit budget... Du coup, c'est un peu comme ce que disait l'autre connard de Marx : soit tu t'adaptes à la situation, soit tu dégages et quelqu'un d'autre te remplacera.
Je trouve ça triste surtout venant de toi, de penser que le compositeur doit suivre les références apportées par la société, surtout quand on sait que tu apprécies à sa juste valeur des Ovnis comme la BO de solaris, qui montre qu'on est capable de faire beaucoup quand le compo apport ses idées.
Il faut savoir baiser dans la vie. Moi aussi je trouve ça dommage de feindre, mais c'est un plat que tu manges froids. Tu t'adaptes, proposes des idées - donc ta personnalité - tout en respectant les contraintes imposées par ta commande. Finalement c'est intéressant, parce que tu fais des trucs que tu n'aurais pas fais de toi-même, et c'est toujours une expérience à prendre. Rien ne t'empêche de proposer une musique en plus, plus émancipée du style qu'on t'impose, en disant "voila mec, ton truc m'a inspiré, j'ai eu du temps pour me lâcher dessus et je me suis dis que ça pourrais t'intéresser.", c'est comme ça que ça se passe.
Les amitiés que tu décris se sont sûrement passées ainsi : il y avait un dialogue du type "commande">"executant", et le compositeur s'est mis à proposer des idées. Ça fait parti du boulot, il faut juste savoir l'introduire au bon moment.
Mais si j'ai aps de liberté pour faire ce qu'on me demande et que je prends pas mon pied, franchement je laisse tomber quoi, et des réals idiots qui te disent : Là je trouve que la flute c'est pas bon, tu pourrais pas la remplacer par des cordes ou alors de coup de trompette parce que j'aime bien la trompette ... au bout d'un moment ça casse les c****.
Oui, c'est très chiant, mais là encore il faut savoir discuter, et prendre l'avantage d'une discussion. Démontrer au mec que tu connais ton boulot, les affect liés aux events sonores que l'on te demande, et intéresser ton interlocuteur. Si le mec ne t'écoute pas, tu prends sa thune et fais ce qu'il te demande, sans perdre du temps dessus, t'as ton fric et tu l'emmerdes. Mais ce réalisateur un peu nase, si tu arrives à t'entendre bien avec lui et à faire en sorte qu'il soit content de toi, c'est une source potentielle de contacts nettement plus intéressants. On en revient à l'idée de courber un peu l'échine, se montrer patient, pour dégainer son sabre au bon moment et niquer la baraque.
J'espère vraiment pour toi que tu vas pas aborder ton boulot comme ça et que tu arriveras quand même à t'amuser en faisant ce que tu fais ! Vu de l'exterieur, ca fait pas aigri comme moi, mais résigné !
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Malgré ma personnalité sudiste et mon côté sanguin, j'arrive à prendre sur moi et je privilégie toujours et avant tout le dialogue. Je montre à mes interlocuteurs que je suis là non pas parce que je suis la petite roumaine qui va faire les turlutes et dire merci en partant, mais parce que je connais mon taff et je veux que le projet se réalise bien. Après, je sais aussi que dans le monde du travail, et même dans l'utopie "travail-passion", il y aura forcément des projets plus chiants que d'autres. C'est là qui faut arriver à faire ce qu'on te demande, même si t'es pas emballé, déjà pour gagner ta croûte et aussi pour te montrer disponible. J'ai énormément de mal à croire que l'an prochain à la fin de ma formation je vais pouvoir composer la musique que je veux. Si déjà j'arrive à chopper un taff de Sound designer dans la boite dans laquelle je fais mon stage, je serai heureux !
Je me montre juste patient, et garde plein de cartes de côté, j'abattrai mon jeu quand le moment sera opportun, pas avant. C'est toujours une question d'intérêt que ton interlocuteur te porte. Au tout début de ta carrière, tu n'es qu'un intervenant, un salarié, un freelance. Donc tu obéis, en dialoguant toujours au maximum, mais au final c'est celui qui te paye qui a le dernier mot.
A force de dialoguer, tu prends plus de poids dans la discussion. Ton avis intéresse, puis ensuite il devient nécessaire à la pérennité d'un projet.
Il faut aussi avoir un aspect pro dès le premier contact.
Connaître le droit pour pas se faire enfler, savoir dire non, mais savoir dire oui, nuancer, prendre sur soi, proposer des idées, dialoguer, murir, se sortir les doigts du cul, et récolter la labeur de son travail.
Je suis un mec plein de rêve hein, mais le travail passion je n'y crois pas trop. Ça reste un travail avant tout. Et ce travail permet de trouver des opportunités, qui permettent l'explosion de la passion. Il faut savoir se creuser son petit jardin. Faire une catabase. Garder à l'esprit que le boulot, même s'il nous passionne, c'est le boulot. La passion doit être chérie et ravivée sans cesse, mais jamais entâchée par le boulot. Lui laisser le temps de prendre forme, une essence, et savoir en tirer parti au bon moment.
Je n'ai que 22 ans, mais je garde la tête sur les épaules. Comme vous je rêve de vivre de ma musique et de faire des purs trucs, mais il faut garder les pieds sur terre. HGW est ce qu'il est aujourd'hui parce qu'il a rencontré la bonne personne au bon moment. Hans Zimmer pareil. John Williams je ne sais pas, Cliff Martinez non plus mais bon, ça reste une sorte de jeu de hasard. Sauf que dans celui-là, on peut se permettre de tricher, ou de booster ses chances.
-- Jeu Juin 03, 2010 10:35 am --
Si on commence par se trahir, on s'éloigne de plus en plus de son rêve....
Surtout comment vendre quelque chose qu'on ne met pas en avant ?
Dans un projet qui nécessite la musique, ce n'est pas ta musique qui est mise en avant. Ta musique sert à mettre en avant quelque chose, donc elle est au second plan.
L'importance selon moi est celle-ci :
- L' Image ;
- Ce que raconte l'image ;
- Comment l'image et ce qu'elle raconte sont habillés