de Setzer » Sam Sep 26, 2009 5:24 pm
Les Nouvelles Aventures de Didier - Episode 6
Cette fois-ci, c'était bel et bien le réveillon du Jour de l'An que l'on fêtait chez Marie-Charlotte Ricard.
Didier en était sûr à 100% : une énorme banderole s'étalait sur l'un des murs du salon, avec le message "Je vous souhaite à tous une excellente année 2006 - Marie-Charlotte Ricard" écrit en bleu-blanc-rouge, dépareillant avec l'ambiance austère de l'appartement.
Près du buffet, Chirac déclarait :
"S'il est vrai, dira-t-on, que Dieu a placé dans les forces de la Nature un art caché, en vertu duquel elles ont pu tirer du chaos l'ordre parfait de l'univers ;
comment l'intelligence de l'homme, si faible en face des sujets les plus ordinaires, sera-t-elle capable de sonder les mystérieuses propriétés qui ont concouru à un si vaste dessein ? Une aussi folle entreprise équivaut à dire : donnez-moi de la matière et je vous en ferai un monde"
Les gens acquiesçaient avec un sourire poli, puis se détournaient discrètement.
Didier écouta Chirac encore quelques minutes, puis Marie-Charlotte Ricard attira l'attention de tout le monde : il ne restait plus qu'une dizaine de minutes avant minuit et il convenait de se trouver une occupation.
Monsieur Patate proposa une Near Death Experience, proposition refusée catégoriquement par Eugène Briquet dont la grand-mère avait jadis décédé de cette pratique.
F, qui transportait son gong, proposa de reconstituer le Didier's Philharmonic Orchestra ; mais il était le seul de la troupe à avoir son instrument sur lui.*
Finalement, Marie-Charlotte Ricard décida :
- Je vais prendre une photo de groupe.
Le corps de Didier se tétanisa instantanément. Il avait craint cet instant, et cet instant arrivait finalement.
Déjà Marie-Charlotte Ricard sortait le polaroïd de son corset ; il n'y avait aucune possibilité de fuite.
Les jambes en côton, entouré d'une vingtaine d'invités, Didier vit le flash bouillant de l'appareil les engloutir.
L'attente était ce qu'il y avait de plus horrible. Dès que le polaroïd accoucha de la photo, Didier, en sueur, marcha lentement vers Marie-Charlotte Ricard, qui lui présenta la photo en souriant.
Didier se pencha dessus.
Cette fois-ci, il était en chaudron.
"Marie-Charlotte, bredouilla-t-il, pourquoi constamment me...
- Excusez-moi, Didier ? demanda Marie-Charlotte Ricard, ingénue.
- Pourquoi... à chaque fois sur les photos... je... je suis un...
- Un quoi ?
- Je veux dire, pourquoi moi ?? C'est... cruel, non ? Est-ce que vous... je...
- Je ne comprends pas un traître mot de ce que vous dites, mon cher.
- Excusez-moi" souffla Didier en se précipitant de l'autre côté de la pièce.
C'était trop affreux. Didier regarda de nouveau la photo : oui, à la place exacte où il se tenait au moment du cliché, il y avait un énorme chaudron.
Un chaudron de facture classique, gros, noir et plutôt propre.
"Je ne peux pas être ceci", pensa Didier de toutes ses forces.
C'est alors que quelqu'un monta soudainement le son de la télévision, où s'affichait le décompte final avant minuit.
"10 !!... 9 !!... 8 !!..." entonnèrent les invités à l'unisson. Didier décida de participer.
"7 !!... 6 !!... 5 !!..."
Tout le monde hurlait du mieux qu'il pouvait. L'ambiance était sensationnelle : Chirac dansait sur le buffet.
"4 !!... 3 !!... 2 !!..."
Pris d'un soudain pressentiment, Didier reporta son attention sur la télévision.
"1 !!......."
Didier plongea derrière le gong de F au moment précis où la télévision explosait.
Collé contre l'engin, il sentit le souffle chaud contourner le gong tandis que les corps étaient propulsés à travers le salon et les fenêtres.
Didier ferma les yeux et hurla.
Lorsqu'il se réveilla, les corps qui n'avaient pas été pulvérisés étaient encore en train de calciner doucement.
Fumants, pour la plupart méconnaissables, ils dégageaient l'odeur la plus immonde que Didier avait jamais sentie.
Il s'évanouit de nouveau.
Il n'eut pas à proprement parler l'impression de se réveiller. Au bout d'un long moment de torpeur, il entendit :
"Bonne année, Didier"
* Marie Charlottte-Ricard n'a pas son tambour chez-elle car elle le conserve dans une consigne de gare